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la russie profonde

nous voici à Kostroma, sur la Volga à 400 km de Moscou.

Nous avons visité Souzdal, petite ville de 10000 habitants possédant trente églises et dix monastères, nous avons vu de fort belles choses, surtout des églises et des monastères, ceux ci ayant de superbes murs d'enceinte. 

Mais le dialogue avec notre agent de voyage à Moscou, notre guide, notre chauffeur et tous les gens rencontrés est assez difficile: nous voyons des hôtels à Souzdal mais on nous affirme qu'il n'y en a pas, nous voyons un panneau indiquant une route  pour Kostroma mais on nous affirme qu'elle n'existe pas, notre programme parle d'une fabrique à visiter dans la ville de Palekh et l'on nous affirme qu'elle n'a jamais existé et que "ce n'est pas possible" que nous lisions ce qui est écrit noir sur blanc.

Nous nous y attendions, mais c'est quand même un peu pire que ce à quoi nous nous attendions. Le romantisme du transsibérien ne résiste pas à quatre heures à la frontière où huit ou dix policiers et douaniers s'abattent sur notre wagon bourré de contrebandiers, tandis que la troupe encercle le train dont les toilettes ont été condamnées. Ils ont l'air très méchants et fouillent tout, mais ne trouvent rien de ce que nous avons vu, de nos propres yeux vu, planquer pas les contrebandiers, à vrai dire sans se cacher aucunement, avant d'arriver à la frontière. C'est assez hallucinant que ce ballet bien réglé, entre trois et sept heures du matin, où clairement les douaniers font des efforts pour ne rien voir.Dans le laisser aller général où nul ne songe à repeindre les façades lépreuses, à boucher les trous dans la chaussée, à remettre d'aplomb les carreaux d'une terrase qui se gondole, seules les églises et monastères se restaurent, ou se reconstruisent: sans doute doivent ils absorber toute la peinture et toute l'énergie disponibles.