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la grandeur de la Perse, les malheurs de l'Iran

nous avons un guide, Darius, qui est docteur en littérature française avec une thèse sur le classicisme dans l'oeuvre de Montherlant. Il a quarante et un ans, il est marié à une femme pédiatre et a un enfant de dix ans. Il est agréable à vivre au quotidien et s'occupe vraiment de notre confort qui est aussi le sien puisqu'il voyage avec nous et le jeune chauffeur de vingt et un an, agréable et souriant lui aussi mais qui ne parle pas un mot de français ou d'anglais. Cela nous parait un peu étrange que Darius, guide expérimenté, nous consacre entièrement quinze jours: cela est apparemment du au nombre de touristes qui est très faible en ce moment, il est toujours faible mais l'est particulièrement en juillet peu de gens souhaitant se promener par quarante deux degrés à l'ombre.

Darius nous parle surabondamment de la grandeur de la Perse antique, non seulement des grands rois dont celui dont il porte le nom, mais aussi de la civilisation raffinée et techniquement très en avance sur la civilisation européenne deux ou trois mille ans anant JC, en particulier dans le domaine de l'hydraulique et de l'irrigation, indispensable à la vie dans le désert assez effrayant où nous sommes depuis que nous avons quitté Téhéran.

Nous ne demandons qu'à le croire et nous avons vu dans les musées de Téhéran, le premier jour de beaux témoignages des arts de la sculpture en pierre, de la céramique, du verre et du bronze. A Kerman et à Yazd, très anciennes cités, la seconde inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, il n'en subsiste pourtant aucune trace, visible (les canaux souterrains qui amènent l'eau depuis des nappes phréatiques fort éloignées par gravité ne sont pas visibles)

Et il nous parle aussi beaucoup des malheurs de l'Iran actuel, des tentatives des anglais et des américains pour mettre la main sur leur pétrole, de Mossadegh, de la guerre provoquée par Saddam Hussein avec l'appui des américains, des pressions internationales très actuelles

Pour qui les oublierait il y a d'innombrables panneaux dans les villes avec des portraits de martyrs de la Révolution Islamique de 1979, entourés de petites fleurs et de versets du Coran.

Mais bien que Darius ne soit visiblement pas un fanatique religieux, il est même aussi critique qu'on peut l'être dans ce pays du statut réservé aux femmes, le plus grand malheur à ses yeux de ce malheureux pays est d'être chiïte: sa détestation des sunnites est totale.

  si en Russie ce sont des oligarques qui font construire des cathédrales dans l'espoir que cela effacera une partie de leurs nombreux péchés, en Iran ce sont les commerçants d'une espèce de caravansérail, le long de l'autoroute qui va de Kerman à Yazd, qui font construire le mosquée ci dessus pour attirer les clients: après la pause prière, on s'offre volontiers un coca cola quand il fait quarante deux degrés à l'ombre.